INTERVIEW
3 questions à
Thierry Desenzani
Thierry Desensany, président de l'Union des Responsables de Blanchisserie Hospitalière (URBH) explique pour le magazine l'Hospitalier les attentes des professionnels dans le domaine de la blanchisserie
1. A Nice va donc avoir lieu un congrès des blanchisseurs. Pourriez-vous nous en exposer les principaux thèmes ? Quelles sont les attentes qui entourent ce rassemblement ?
Le développement durable en blanchisserie, et les évolutions règlementaires autour des questions d’hygiène seront les thèmes débattus durant ces journées d’étude. Nous avons également prévu de débattre de ces sujets avec nos partenaires techniques, et nous attendons qu’ils nous dévoilent ce qu’ils projettent en termes de nouveaux équipements, par exemple des procédés de lavage à basse température pour diminuer la consommation énergétique.
Le but de ces Journées est de rassembler la profession autour des problématiques communes afin de lui permettre de mieux comprendre les changements à venir et de mieux affronter les défis de demain. Ces Journées s’inscrivent donc dans une volonté de rassemblement et de débat, mais également de partage d’expériences et d’expertises pour promouvoir ce métier
3. Quelles sont les évolutions qui sont encore attendues par les professionnels dans le domaine de la blanchisserie ?
La loi HPST oriente en effet les établissements à travailler ensemble et à mutualiser leurs moyens, non seulement pour leurs activités médicales et chirurgicales mais également pour celles liées au secteur d’hébergement et celles relevant des fonctions supports, comme la blanchisserie ou la restauration. La blanchisserie hospitalière traverse donc aujourd’hui une période de mutation, et la tendance est, de plus en plus, au regroupement des activités d’entretien du linge. Ce qui va accroître l’activité de certaines structures, permettre la création de structure de coopération, ou encore augmenter la sous-traitance vers le secteur privé. Trois cas de figure qui illustrent bien les choix que les établissements devront faire à l’avenir : traiter leur linge en interne ou en externe ? Rester dans le giron hospitalier ou s’orienter vers le privé ? Une récente enquête interne de l’URBH a montré que 70% du linge hospitalier est aujourd’hui traité en blanchisserie intégrée ou interhospitalière, ce qui veut dire que seulement 30% est externalisé vers le privé, en partie ou en totalité. Il y aura probablement plus d’externalisations en ce sens mais, l’hôpital ayant une forte tradition de service public, nous devrons pouvoir maintenir et même développer des structures publiques pour l’entretien du linge. D’autant que le secteur privé ne possède pas, actuellement, suffisamment de structures adaptées à la prise en charge même partielle du linge hospitalier. C’est pourquoi les coopérations interhospitalières ont, à mon avis, de fortes chances de tirer leur épingle du jeu. Mais cette mutation n’en constitue pas moins un grand changement politique pour la blanchisserie hospitalière, avec de nombreuses conséquences sur son organisation. Pour ce qui est de l’aspect technique du métier, une évolution incontournable est la nécessité de s’inscrire dans une démarche de développement durable, donc de maîtriser notre consommation énergétique et d’améliorer la qualité des rejets. Nous avons donc besoin d’équipements nous permettant de travailler dans le respect de l’environnement
3. Vous avez travaillé pour que la blanchisserie du centre hospitalier de Beauvais ait une autonomie juridique et budgétaire, quels en sont les avantages, et en quoi cette évolution est-elle nécessaire pour le futur des blanchisseries ?
Le CTTH existait, en tant que blanchisserie hospitalière, depuis les années 70. Cette dernière a changé de forme juridique en avril 1998 pour devenir le Syndicat Interhospitalier de Beauvais (SIB), lequel permettait, aux établissements à la fois adhérents et clients, une gestion commune des équipements. Cette première forme de coopération hospitalière a vu son activité plus que doubler en 10 ans (+ 240% !), ce qui a amené le Conseil d’Administration à décider de construire un nouveau bâtiment pour le traitement du linge. Il faut savoir que, jusque-là, le SIB était situé au CH de Beauvais et manquait d’espace pour traiter, dans des conditions optimales, ses 15 tonnes de linge par jour. 14,3 millions d’euros ont donc été investis dans ce projet, et nous avons aujourd’hui un beau bâtiment, implanté dans la zone industrielle de Pinçonlieu créée par la Communauté d’Agglomération de Beauvais, et qui tient ses promesses en termes de performances technique, économique, qualitative, environnementale, etc. Mais c’est également une réussite pour la profession, car notre exemple démontre qu’en période de réflexion sur le devenir des activités techniques et logistiques à l’hôpital, la coopération inter établissement est une voie qui préserve emplois et compétences et qui garantie qualité et cout aux établissements publics de santé et d’hébergement